✴️ Do you now have a dream? 🌐 #2022


« True compassion is more than flinging a coin to a beggar; it is not haphazard and superficial. It comes to see that an edifice which produces beggars needs restructuring. A true revolution of values will soon look uneasily on the glaring contrast of poverty and wealth. »

« La véritable charité ne consiste pas seulement à jeter une piécette à un mendiant : elle n’est ni superficielle ni laissée au hasard. Elle conduit à penser qu’un édifice social qui produit des mendiants a besoin d’être remodelé. Une véritable révolution dans le domaine des valeurs nous fera bientôt sentir mal à l’aise devant le spectacle éclatant que forme le contraste entre la pauvreté et la richesse. »

#IHaveADream#ClimateChange#OneHumanity
🌀💡 From M. L. King (1967). A Time to Break Silence
*** 4 April 1967, Riverside Church, New York City ***
–> Un temps pour rompre le silence, discours du 4 avril 1967.
I have a Dream
I have a Dream

 

Pensée Critique et Réseaux Sociaux 🌀 Critical Thinking 📚

#SocialNetwork 

✴️ A travers les réseaux sociaux, les penchants narcissiques sont bien souvent redoublés…

🌀 On retrouve des effets dits “chambre d’écho”, générés par ces “rooms” / “threads” ou autres fils, et qui cantonnent ceux qui n’y prêtent pas attention, dans un vase clos, aseptisé et à la convenance de leurs créateurs…

🧠 La littérature scientifique a souligné combien des personnes qui croient fermement aux “théories du complot” présentent un niveau de pensée analytique (le système 2, caractérisé comme plutôt lent, contrôlé et exigeant en ressources, Kahneman, 2011) moins développé (Douglas et al., 2017; Hornsey, 2020 ; Swami et al., 2014)… privilégiant une pensée plus automatique et perçue comme “intuitive” (voir aussi West & Bergstrom, 2021).

💡 La pratique de la métacognition (Houdé, 2020 ; Salovich & Rapp, 2021) et de la pensée critique offrent une ouverture vers la différence et la découverte… 👍🙏 et nous permettre de vivre intelligemment, raisonnablement, et avec empathie 😉☀️

⚙️ Cela invite aussi chacun à diminuer le pouvoir et l’influence de nos tendances psychiques égocentriques et “socio-centriques” (relativité culturelle et sociale : Bonney, 2018 ; Pennycook & Rand, 2019 ; van Prooijen, 2018 ; van Prooijen & Song, 2021).

💡 La pensée critique, #CriticalThinking, comme méthode, diffuse des processus et des principes qui facilite l’analyse, l’évaluation et l’amélioration de nos idées (Bailin & Siegel, 2003, Siegel, 2010).

🗝 Comme mode d’action dirigé par la prudence de la pensée (phronesis ou prudentia), elle pourrait nous préserver des conclusions hâtives non soutenues par des faits, des jugements suspendus malgré des preuves avérées, des raisonnements incontestables car purement idéologiques ou religieux, etc.

Un tel processus “complexe” (voir le triptyque Piaget – Simon – Morin), nous évite alors de penser de manière simpliste à des questions complexes, facilite la prise en compte, et de manière appropriée, des droits et des besoins des parties concernées.

–> Comment faire face à nos insuffisances individuelles cognitivo-émotionnelles ?

–> Que pensez-vous de créer collectivement des espaces transversaux de réflexion et de pensée qui nous fassent progresser et agir plus humainement, et de manière plus éclairée et bienveillante ?

▶️🧭 Je vous invite à regarder la vidéo avec Etienne Klein et Aurélien Barrau sur ce sujet, un très bon moment épistémique 👍😉
–> Science y croire encore, Les rencontres Livres en Marches 2021 #10 (05/12/21)

🧠⚙️ La pseudoscience promet des “réponses”, raison pour laquelle elle est si populaire…
La science nous donne, elle, des probabilités et des incertitudes, qui suggèrent qu’une réponse est meilleure qu’une autre, pour le moment…
Et un jour nous devrons peut-être changer d’avis 🧠♻️😉

#CriticalThinking #SCIENCE #ClimateChange

Science y croire encore – Les rencontres Livres en Marches 2021 #10 (05/12/21) : https://youtu.be/kfRufhEWqAE

Conférence avec Etienne Klein (philosophe des sciences & physicien) & Aurélien Barrau (astrophysicien & écologue.

REFERENCES :

– Bailin, S. & H. Siegel (2003). “Critical Thinking”. in: N. Blake, P. Smeyers, R. Smith & P. Standish (eds.). The Blackwell Guide to the Philosophy of Education, Malden: Blackwell, pp. 181-193.
– Bonney, K. M. (2018). Fake News with Real Consequences: The Effect of Cultural Identity on the Perception of Science. The American Biology Teacher, 80(9), 686–688.
– Douglas, K. M., Sutton, R. M., & Cichocka, A. (2017). The Psychology of Conspiracy Theories. Current Directions in Psychological Science, 26(6), 538–542.
– Hornsey, M. J. (2020). Why Facts Are Not Enough: Understanding and Managing the Motivated Rejection of Science. Current Directions in Psychological Science, 29(6), 583-591.
– Houdé, O. (2020). L’inhibition au service de l’intelligence: Penser contre soi-même. Presses Universitaires de France – PUF.

⁃ Kahneman, D. (2011) Thinking, Fast and Slow. New York: Farrar, Straus and Giroux.
⁃ Pennycook, G., & Rand, D. G. (2019). Who falls for fake news? The roles of bullshit receptivity, overclaiming, familiarity, and analytic thinking. Journal of Personality, 8(2), 185-200.
– Salovich, N. A., & Rapp, D. N. (2021). Misinformed and unaware? Metacognition and the influence of inaccurate information. Journal of Experimental Psychology: Learning, Memory, and Cognition, 47(4), 608–624.
⁃ Siegel, H. (2010). Critical thinking. In International Encyclopedia of Education (pp. 141-145). Elsevier Ltd.
⁃ Swami, V., Voracek, M., Stieger, S., Tran, U. S., Furnham, A. (2014). Analytic thinking reduces belief in conspiracy theories. Cognition, 133, 572–585.
⁃ van Prooijen, J.-W. (2018). The Psychology of Conspiracy Theories. Routledge.
⁃ van Prooijen, J.-W., & Song, M. (2021). The cultural dimension of intergroup conspiracy theories. British Journal of Psychology, 112(2), 455–473.
– West, J. D., & Bergstrom, C. T. (2021). Misinformation in and about science. PNAS Proceedings of the National Academy of Sciences of the United States of America, 118(5).

One Humanity ☀️ Un petit rayon de soleil dans nos oreilles 👌🏼🔆

#OneHumanity

☀️ Ce matin un petit rayon de soleil dans nos oreilles 👌🏼🔆

⚙️ Une explication extrêmement riche sur l’évolution génétique des populations, ce matin sur France Culture, par Lluis Quintana-Murci (#CNRS #CollegedeFrance et #InstitutPasteur) ☀️👍

🌀💡 Comprendre l’impact de notre environnement, le métissage avec Néandertal et tant d’autres par la suite :


“Les humains ne sont qu’une gradation de diversité génétique. Les races existeraient si les types humains étaient complètement différents, mais il n’y a pas de rupture entre humains comme entre un berger allemand et un caniche. Il y a plus de différence génétique entre deux personnes prises en hasard dans la population générale qu’entre un Français et un Sénégalais. Les plus grandes différences génétiques sont entre individus, pas entre populations, ce qui démonte l’idée d’existence biologique des races”.

“La découverte du génome a permis de savoir à quel point nous sommes métissés : en Europe, nous sommes métissés d’au moins quatre peuples différents. Cela fait peu de temps que nous savons que notre espèce, homo sapiens, s’est métissée avec les Néandertal”.

✴️ Et aussi un grand coup de pied dans le nauséabond pseudo « Grand Remplacement »…

“Le remplacement, le métissage, existent depuis qu’on existe comme espèce. Je vous rappelle qu’on est tous métissés. Cela veut dire qu’il n’y a pas de population pure”.

 

Un peu plus de science et de faits, et moins d’opinions quoi 😉👌🏼
Un régal à retrouver dans son dernier livre que je vais m’empresser de lire 📖📚

🤔📚 Cela me rappelle d’ailleurs le livre d’Evelyne HEYER (2020), professeur en anthropologie génétique…

🌀 Elle y expose des années de recherche individuelle et collective sur l’étude des composantes, variations et formes d’expression sociale des gènes humains, et aussi l’impact de nos comportements sur notre expression génétique.

✅ Elle s’appuie pour cela sur une littérature très vaste et trans-disciplinaire (linguistique, musicologie, épigénétique, archéologie, ethnologie, histoire démographique, etc.) 🙏💡

✅ 🧭 Elle propose par ailleurs de dépasser le clivage nature et culture (nurture / nature) en expliquant comment l’Homme, en tant qu’animal social, s’est développé en s’adaptant à son environnement et aux interactions sociales.

 

“Grâce à l’ADN (…) nous savons sans conteste que notre origine est africaine, que nous sommes identiques à 99,9 % et qu’il existe peu de différences génétiques liées à notre origine géographique” (Heyer, 2020, p. 297).

 

#CulturalBlending #HumanGenetics #OnePlanet

Scientifiques regardant un modèle ADN. ©AFP - Adam Gault
Génétique, métissage et pathogènes, du Néandertal au Covid-19. Avec Lluis Quintana Murci

🌀 Pourquoi s’intéresser à l’Intelligence Émotionnelle (IE) ?

#intelligenceémotionnelle

🌀 Pourquoi s’intéresser à l’Intelligence Émotionnelle (IE) ?

Les recherches récentes confirment que les expressions affectives et émotionnelles influencent les émotions, la cognition et les comportements d’autrui, et favorisent l’affiliation ou au contraire une certaine distanciation (Ashkanasy & Dorris, 2017; Kashima et al., 2020).

⚙️ Un tournant vers plus de “sensible”, “émotionnel” ou “affectif” (Clough et Halley, 2007) s’est opéré dans les sciences humaines et sociales depuis quelques dizaines d’années.
–> Il est régulièrement qualifié de “révolution affective” (Sander & Scherer, 2019) dans les années 80, succédant à une autre “révolution”, dite “cognitive”, dans les années 60 (Haidt, 2007).

☀️ Récemment, Dukes et al. (2021) dans leur article “The Rise of Affectivism” ont ainsi questionné “l’impact de plus en plus reconnu des phénomènes affectifs a-t-il inauguré une nouvelle ère, l’ère de l’affectivisme ?”

Ils expliquent ainsi que de nombreux domaines de recherche et de pratique incluent depuis peu une compréhension affective dans leurs analyses et actions.
• Les chercheurs en droit prennent plus en considération le rôle des processus affectifs dans les prises de décisions juridiques, et reconnaissent que les lois et les règles juridiques reflètent et créent des “scripts culturels” sur la façon dont les gens doivent “sentir” et se sentir.
• Dans la recherche en éducation, les liens entre le bien-être et l’éducation sont de plus en plus confirmés, ce qui entraîne des changements de politique éducative, et l’augmentation continue du nombre de programmes d’apprentissage socio-émotionnel.
• En ce qui concerne le changement climatique, les chercheurs ont compris l’importance des processus affectifs pour signaler l’urgence de la situation, et pour s’engager dans des actions correctives collectives, à la fois pour les citoyens privés, les organisations gouvernementales et non-gouvernementales.

“S’il reviendra in fine aux historiens des sciences de déterminer si une nouvelle ère s’est ouverte ou non, compte tenu de l’impact indéniable des sciences affectives sur nos modèles de cerveau, de pensée et de comportement, il semble pertinent de se demander aujourd’hui si nous sommes à l’ère de l’affectivisme” (Dukes et al., 2021, p. 819).

💡 Notre proposition (Dickason et al., 2021) sur l’histoire de l’IE dans le domaine du travail, apporte une certaine part d’éclairage, et montre combien l’intelligence “affective” est présente depuis le début du 18ème siècle dans les arts.
⚙️ Aussi, les recherches scientifiques naissantes sur les affects, les émotions provenaient de Pierre Nicolas Gerdy, Charles Darwin, William James, Arthur d’Anglemont, Frédéric Paulhan, ou Frédéric Rauh, entre autres…⏳ Spinoza (1677) déjà avait montré combien l’émotion peut être comprise à la fois comme cognitive et corporelle, et que les affects sont fondamentalement liés au “conatus” 🧠

Les “scripts” culturels sont ces valeurs et normes internes sur lesquels notre façon d’agir (parler, se comporter) se base, dans des situations spécifiques, et qui sont forgés principalement par notre environnement socio-culturel.

Dans des situations qui nous paraissent familières, nous ne réfléchissons pas souvent trop à la façon de nous comporter.

🧠 Nous sommes alors plutôt en “pilote automatique” (certains neuroscientifiques parlent de codage-prédiction-catégorisation des expériences sensorielles, affectives et physiques passées), et nous comportons selon ce script inconscient qui nous guide.

⚙️ Voir l’ouvrage de 1994 d’Anna Wierzbicka et les autres aussi 👍😉
Pour comprendre les fondements de nos “émotions” et la manière dont elles sont exprimées et vécues dans différentes cultures, langues et relations sociales, elle apporte des éclairages psychologiques, anthropologiques et linguistiques.

#EmotionalIntelligence #HistoryofEI #Affect

Family Tree of Emotional Intelligence - DHM 2021
Family Tree of Emotional Intelligence – DHM 2021

On n’est jamais loin de la manipulation, de l’illusion ou de la prestidigitation
Les émotions nous égarent, comme qui disait
Du reste, jongler avec des flots d’émotions pures est l’arme de prédilection des rhéteurs
L’intelligence émotionnelle, ce concept utilitariste de l’intelligence humaine, est vieille comme le monde
Elle sert entre autres choses à produire un effet de sidération chez l’auditoire et a la fâcheuse tendance à suspendre non seulement l’incrédulité mais surtout le jugement critique, au seul bénéfice de l’émotion
Des effets dissipatifs qui produiront comme une perte d’informations et paradoxalement, l’apparence d’avoir tout saisi
Alors, la cognition dans tout Ça…
Le plus curieux c’est que nous en voyons des exemples tous les jours depuis quelques temps sans pour autant que les observateurs en trouvent la moindre corrélation
« Parfois, on se fonde sur ce que disent les autres, sans se donner à soi même même le loisir de réfléchir et de juger »
De Jane Austen
– Raison et sentiment –
Sometimes…

REPONSE :

Merci Philippe 👍🙏 J’abonde sur la citation de Jane Austen car l’adage socratique “connais-toi toi-même” reste un préalable ☀️ Une branche des habiletés propre à l’IE est la régulation de ses propres émotions 🧠

💡 En effet, une personne “émotionnellement stable” est évoquée dans la Bhagavadgītā (sanskrit) il y a peut-être 5 000 ans, aussi les bases émotionnelles de l’apprentissage sont évoquées par Platon il y a 2 000 ans ⚙️

Il y aurait beaucoup à dire sur votre message.
Pour l’IE comme concept “utilitariste”… ça se discute mais la notion de bienveillance et de bien-être pour soi et les autres était importante pour John D. Mayer et Peter Salovey, les deux principaux initiateurs scientifiques en 1990. Ils envisageaient initialement le développement de l’IE dans l’éducation.

L’IE n’est pas corrélé à des traits type narcissisme, psychopathie ou machiavélisme (dark triad, voir revues et méta-analyses : Miao et al., 2019 ; Michels & Schulze, 2021).
L’idée que vous semblez suggérer n’est pas du même ordre mais il faudrait plusieurs heures pour en discuter 😉

REFERENCES :

  • Ashkanasy, N. M., & Dorris, A. D. (2017). Emotions in the Workplace. Annual Review of Organizational Psychology and Organizational Behavior, 4(1), 67–90.
  • Clough, P. T., & Halley, J. (Eds.). (2007). The Affective Turn: Theorizing the Social. Duke University Press.
  • Dickason, R., Ashkanasy, N. M., & Hampton-Musseau, D. (2021). A History of Emotional Intelligence in Work Settings. Academy of Management Proceedings, 2021(1), 12470. https://doi.org/10.5465/AMBPP.2021.12470abstract
  • Dukes, D., Abrams, K., Adolphs, R., Ahmed, M. E., Beatty, A., Berridge, K. C., Broomhall, S., Brosch, T., Campos, J. J., Clay, Z., Clément, F., Cunningham, W. A., Damasio, A., Damasio, H., D’Arms, J., Davidson, J. W., de Gelder, B., Deonna, J., de Sousa, R., Ekman, P., … Sander, D. (2021). The rise of affectivism. Nature human behaviour, 5(7), 816–820.
  • Haidt, J. (2007). The New Synthesis in Moral Psychology. Science, 316(5827), 998–1002.
  • Kashima, Y., Coman, A., Pauketat, J. V. T., & Yzerbyt, V. (2020). Emotion in Cultural Dynamics. Emotion Review, 12(2), 48–64.
  • Kirmayer, L. J., Worthman, C. M., Kitayama, S., Lemelson, R., & Cummings, C. A. (Eds.). (2020). Culture, Mind, and Brain: Emerging Concepts, Models, and Applications (1st edition). Cambridge University Press.
  • Sander, D., & Scherer, K. (Eds.). (2019). Traité de psychologie des émotions. Le Hall du Livre. Dunod.
  • Spinoza, B. de (1677)[Curley, E. M.] (1994). A Spinoza reader: The Ethics and other works. Princeton University Press.
  • Spinoza, B. de (1677)[Pautrat, B., 2010]. Éthique. coll. Points. Paris. Seuil.
  • Wierzbicka, A. (1994). Emotion, language, and cultural scripts. In Emotion and culture: Empirical studies of mutual influence (pp. 133–196). American Psychological Association.
  • Wierzbicka, A. (1999). Emotions across languages and cultures: Diversity and universals. Cambridge University Press ; Editions de la Maison des sciences de l’homme.

Une histoire de l’Intelligence Émotionnelle dans les situations de travail – A History of Emotional Intelligence in Work Settings

🌀 L’Intelligence Émotionnelle (IE), est un ensemble d’habilités, qui peut aider à traverser des moments fortement émotionnels, ou dans un espace circonscrit par des expériences de vie chargées affectivement. 

💡 Il s’agit notamment de faire face au stress, de maintenir sa motivation au fil du temps, d’établir et de maintenir des relations étroites, ou de s’adapter à des situations en évolution rapide avec des demandes sociales changeantes (Joseph et Newman 2010; Mayer et al., 2016).
✅ A travers une revue historique, mes co-auteurs et moi-même (Rebecca DickasonNeal M. Ashkanasy & David HAMPTON-MUSSEAU, 2021) explorons les origines de l’IE, le contexte théorique double lié à la recherche sur l’émotion et l’intelligence générale, les premiers instruments d’auto-évaluation, l’émergence du modèle des habiletés de l’IE, et l’identification de trois “courants” distincts de recherche en IE.⚙️ Cela nous permet ainsi de dessiner une feuille de route pour l’avenir mais aussi d’ouvrir de nouvelles pistes de recherche, nécessaires avec les temps difficiles auxquels nous sommes tous inégalement confrontés.✴️ Nous avons l’immense plaisir de présenter nos travaux lors de la conférence internationale Academy of Management 2021 pour une session asynchrone, à partir de ce vendredi 30 juillet 2021.

https://journals.aom.org/doi/abs/10.5465/AMBPP.2021.12470abstract

⏳ Alors que les traces du terme “Intelligence émotionnelle” peuvent être remontées assez loin dans le temps, elle n’existe que depuis 1990 dans son incarnation scientifique moderne. Aussi, les premières références au terme d’intelligence « émotionnelle » (ou « affective ») sont dans des domaines littéraires ou artistiques.

▶️ Par exemple, la romancière britannique Jane Austen (1775-1817), en est une initiatrice, à travers son usage et traitement des affects et des émotions, en lien avec l’intelligence.
Elle a même développé une sorte de modèle d’auto-compréhension plus “humainement crédible”, qui “exige de l’imagination, implique l’entraînement de l’émotion, et implique d’adopter et de modifier une position sociale” (Eldridge, 2019).

🧠 Les pistes que nous proposons proviennent en partie des recherches récentes en neurosciences, mais aussi par des chercheurs adoptant une vision pluridisciplinaire, soutenant plus de transversalité des sciences dites “exactes” vers les sciences humaines et sociales et vice-versa.
Ces collaborations académiques augurent d’une meilleure compréhension de nos affects, en particulier, par des différences ontologiques et épistémologiques.

✅ Des habiletés de granularité émotionnelle (capacité à différencier la spécificité de ses émotions par-delà le simple “plaisir-déplaisir”, Barrett, 2018), par exemple, ou de régulation émotionnelle effective font donc partie intégrante de l’IE.

–> English version below

🌀 Emotional Intelligence (EI) is a set of abilities that can help go through intensely emotional moments or in an emotionally charged space limited by life experiences.

💡 EI includes coping with stress, maintaining motivation over time, establishing and maintaining close relationships, or adapting to rapidly changing situations with changing social demands (Joseph and Newman 2010; Mayer et al. 2016).

✅ Through a historical review, my co-authors and I (Rebecca DickasonNeal M. Ashkanasy & David HAMPTON-MUSSEAU, 2021) explore the origins of EI, the dual theoretical context linked to research on emotion and general intelligence, the first self-assessment instruments, the emergence of the EI ability-model, and the identification of three distinct “streams” of EI research.

⚙️ We, thus, draw a roadmap for the future and open up new avenues of research, essential with the difficult times we are all unequally facing.

✴️ We are so grateful to present our work at the Academy of Management 2021 international conference for an asynchronous session, starting this Friday, July 30, 2021.

#AOM2021

https://2021.aom.org/meetings/virtual/F2vM596dBBxQ2gzTX

Université Toulouse 1 Capitole
Toulouse School of Management
CNRS – Centre national de la recherche scientifique

#intelligenceémotionnelle #history #neurosciences #AOM2021

🧠 The avenues we propose come partly from recent neuroscience research and researchers adopting a multidisciplinary vision, supporting more transversality from the so-called “exact” sciences towards the human and social sciences and vice versa.
Those academic collaborations augur a better understanding of our affects, in particular, through different ontological and epistemological approaches.

✅ Emotional granularity (ability to differentiate the specificity of one’s emotions beyond simple “pleasure-displeasure,” Barrett, 2018), for example, or effective emotional regulation, are therefore an integral part of EI.

REFS :
  • Barrett, L. F. (2018). How Emotions Are Made: The Secret Life of the Brain (6th ed.). Pan Books.
  • Dickason, R., Ashkanasy, N. M., & Hampton-Musseau, D. (2021). A History of Emotional Intelligence in Work Settings. Academy of Management Proceedings, 2021(1), 12470. https://doi.org/10/gmdgvh
  • Eldridge, R. (2019, March 6). Philosopher Richard Eldridge on Imagination, Emotion, and Social Stance in Jane Austen’s Emma. Swarthmore. retrieved on https://www.swarthmore.edu/news-events/philosopher-richard-eldridge-imagination-emotion-and-social-stance-jane-austens-emma
  • Joseph, D. L., & Newman, D. A. (2010). Emotional intelligence: An integrative meta-analysis and cascading model. Journal of Applied Psychology, 95(1), 54–78.
  • Mayer, J. D., Caruso, D. R., & Salovey, P. (2016). The Ability Model of Emotional Intelligence: Principles and Updates. Emotion Review, 8(4), 290–300.

Intelligence Émotionnelle – Le Grand Débat (suite) – Article Dasborough et al. (2021)

#Emotion

🌀 Laissez-moi vous parler d’un article récent de Marie Dasborough et ses collègues (2021) qui vient comme une suite dans le débat scientifique en cours sur l’Intelligence Émotionnelle (IE).
–> Continuing “The Great EI Debate”

✴️ Ce débat controversé avait commencé dès le début du développement de l’IE, dans les années 1990 (Davies et al., 1998).

✅ En réponse à Edwin Locke et Frank Landy, en 2005, Catherine Daus et Neal Ashkanasy avaient écrit deux articles pour expliciter de manière plus transversale les avancées singulières de la recherche sur le cerveau, la cognition, et les émotions et les applications propres au champ de l’IE.

✴️ En 2009, Marie DasboroughNeal M. Ashkanasy et John Antonakis ont aussi longuement discuté leurs approches épistémologique et ontologique, sur l’intérêt de l’IE dans le domaine du leadership, et des sciences organisationnelles en général.

✅ Marie Dasborough et ses co-auteurs (2021) en arrivent à des points d’accord, dont l’intérêt de l’étude des émotions. Les deux parties trouvent utile aussi d’évaluer les éléments du processus émotionnel : la perception, la compréhension, la régulations et l’affichage. Ainsi, le modèle en cascade des émotions (Elfenbein & MacCann, 2017 ; Joseph & Newman, 2010) et d’autres modèles de processus liés aux émotions au travail (Zapf, Kern, Tschan, Holman, & Semmer, 2021) offrent des perspectives probantes de recherche.

🤔 Par ailleurs, des problèmes de validité significatifs existent et sèment la confusion avec deux mesures d’auto-évaluation très populaires : le Bar‐On EQi (Bar‐On & Parker, 2000) et l’instrument développé par Schutte et al. (1998)⚙️

🌐 Ils conviennent donc de la nécessité d’une recherche rigoureuse, et dans la crise scientifique actuelle (de reproducibilité de la science – “replication crisis” ; Berkman & Wilson, 2021 ; Cronin, Stouten & van Knippenberg, 2021 ; Eronen et Bringmann, 2021 ; Shrout et Rogers, 2018 ; Tourish, 2019) les problèmes identifiés pour l’IE ne sont pas propres à son étude, ils doivent permettre d’éclairer la recherche pour de nombreux autres concepts, dans un environnement bien plus large.

🧠 J’ajouterai que les avancées en neurosciences très récentes permettent de comprendre certains aspects essentiels de notre cerveau, comme organe prédictif (inférences bayésiennes : Clark, 2016 ; Friston et al., 2017 ; Smith, Badcock & Friston, 2021) en recherche de l’équilibre (homéostasie), par des perceptions fines internes et externes…

💡 Ainsi notre cerveau est capable de catégoriser les modèles d’expériences sensorielles et socio-culturelles (Hoemann et al., 2020).

🌀 Notre cerveau prédictif est notre plus bel atout et notre plus belle faiblesse…

#EmotionIntelligence #Debate #Affects #intelligenceémotionnelle #neurosciences

Brain
Brain – EI
REFS :
  • Antonakis, J., Ashkanasy, N. M., & Dasborough, M. T. (2009). Does leadership need emotional intelligence? The Leadership Quarterly, 20(2), 247–261.
  • Ashkanasy, N. M., & Daus, C. S. (2005). Rumors of the death of emotional intelligence in organizational behavior are vastly exaggerated. Journal of Organizational Behavior, 26(4), 441–452.
  • Bar-On, R., & Parker, J. D. A. (Eds.). (2000). The handbook of emotional intelligence: Theory, development, assessment, and application at home, school, and in the workplace. Jossey-Bass.
  • Berkman, E. T., & Wilson, S. M. (2021). So Useful as a Good Theory? The Practicality Crisis in (Social) Psychological Theory. Perspectives on Psychological Science, 1745691620969650.
  • Clark A. (2013). Whatever next? Predictive brains, situated agents, and the future of cognitive science, Behavioral and Brain Sciences, 36 (03) 181-204.
  • Clark, A. (2016). Surfing uncertainty: Prediction, action, and the embodied mind. Oxford, England: Oxford University Press.
  • Cronin, M. A., Stouten, J., & van Knippenberg, D. (2021). The theory crisis in management research: Solving the right problem. Academy of Management Review.
  • Dasborough, M. T., Ashkanasy, N. M., Humphrey, R. H., Harms, P. D., Credé, M., & Wood, D. (2021). Does leadership still not need emotional intelligence? Continuing “The Great EI Debate.” The Leadership Quarterly, 101539.
  • Daus, C. S., & Ashkanasy, N. M. (2005). The case for the ability-based model of emotional intelligence in organizational behavior. Journal of Organizational Behavior, 26(4), 453–466.
  • Davies, M., Stankov, L., & Roberts, R. D. (1998). Emotional intelligence: In search of an elusive construct. Journal of Personality and Social Psychology, 75(4), 989–1015.
  • Elfenbein, H. A., & MacCann, C. (2017). A closer look at ability emotional intelligence (EI): What are its component parts, and how do they relate to each other? Social and Personality Psychology Compass, 11(7), e12324.
  • Eronen, M. I., & Bringmann, L. F. (2021). The Theory Crisis in Psychology: How to Move Forward. Perspectives on Psychological Science, 16(4), 779–788.
  • Hoemann, K., Wu, R., LoBue, V., Oakes, L. M., Xu, F., & Barrett, L. F. (2020). Developing an Understanding of Emotion Categories: Lessons from Objects. Trends in Cognitive Sciences, 24(1), 39–51.
  • Joseph, D. L., & Newman, D. A. (2010). Emotional intelligence: An integrative meta-analysis and cascading model. Journal of Applied Psychology, 95(1), 54–78.
  • Schutte, N. S., Malouff, J. M., Hall, L. E., Haggerty, D. J., Cooper, J. T., Golden, C. J., & Dornheim, L. (1998). Development and validation of a measure of emotional intelligence. Personality and Individual Differences, 25(2), 167–177.
  • Shrout, P. E., & Rodgers, J. L. (2018). Psychology, Science, and Knowledge Construction: Broadening Perspectives from the Replication Crisis. Annual Review of Psychology, 69(1), 487–510.
  • Smith, R., Badcock, P., & Friston, K. J. (2021). Recent advances in the application of predictive coding and active inference models within clinical neuroscience. Psychiatry and Clinical Neurosciences, 75(1), 3–13.
  • Tourish, D. (2019). Management Studies in Crisis: Fraud, Deception and Meaningless Research. Cambridge University Press.
  • Zapf, D., Kern, M., Tschan, F., Holman, D., & Semmer, N. K. (2021). Emotion Work: A Work Psychology Perspective. Annual Review of Organizational Psychology and Organizational Behavior, 8, 139–172.

L’utopie mais quelle utopie ? MIEUX, CE PEUT ETRE MOINS 👍☀️

#ThinkDifferent

“L’utopie ne consiste pas, aujourd’hui, à préconiser le bien-être par la décroissance et la subversion de l’actuel mode de vie ;
–> l’utopie consiste à croire que la croissance de la production sociale peut encore apporter le mieux-être, et qu’elle est matériellement possible” (Gorz, 1978, p. 20).

“MIEUX, CE PEUT ETRE MOINS,
–> créer le minimum de besoins, les satisfaire par la moindre dépense possible de matières, d’énergie et de travail, en provoquant le moins possible de nuisances” (Gorz, 1978, p. 36).

“Tous nos besoins et désirs sont des besoins et désirs de marchandise, donc des besoins d’argent.
–> Nous produisons la richesse en argent, lequel est par essence abstrait et sans limites, et donc le désir, par conséquent, est lui aussi sans limites. L’idée du suffisant – l’idée d’une limite au-delà de laquelle nous produisons ou achèterions trop, c’est-à-dire plus qu’il ne nous en faut – n’appartient pas à l’économie” (Gorz, 2008, p. 114-115).

Il est encore temps de réinvestir nos imaginaires…
–> pour d’autres futurs de progrès social et d’émancipation…
–> abondance frugale, collective et respectueuse de notre environnement social…
–> interrogeons-nous démocratiquement…
–> et qu’ils deviennent contagieux !!

“Que fait-on du besoin d’occupation (cf. Pascal) et des besoins sociaux ?
Des jeux vidéo collaboratifs ?
L’état de pensionné/retraité serait-il un genre de mise au rebut ?”
REP1:
Merci Guillaume pour ce message 🙏
En effet, André Gorz dans Ecologica explique comment chacun pourrait valoriser son “temps libéré”, plutôt que de n’avoir que du temps de travail, telle une “marchandise” ou “emploi”…💡 Il s’agit de repenser nos temps… mais pas au regard des temps actuels structurés et contraints par l’organisation socio-économique.🌐🧠 Il s’agirait bien entendu de débattre démocratiquement de ces questions, dans un souci des autres et de nos biens communs.⚙️🌀 Pour les personnes intéressées par des références particulières ou des lectures inspirantes, revoir mes miscellanées :
https://www.linkedin.com/posts/davidmusseau_lheure-des-changements-miscellan%C3%A9es-mai-activity-6673486405995384832-fKPj
“Valoriser” (le temps) ?! Est-il donc si précieux ?
De mon côté, si je vois une chose à “valoriser” (améliorer), ce serait plus les individus.
Mais ça n’est pas forcément une motivation honnête.
Car comme on peut le comprendre avec Sénèque, pour qu’une minorité ait la possibilité d’un otium, il y a des chances de devoir mobiliser la majorité pour qu’ils bossent à leur place.
Ça se voit avec le ratio actifs/retraités.
Quant au “débat démocratique” je n’y crois plus.
Bien trop difficile à rendre effectif.
Et ça dérive en ‘factions’ qui veulent chacune prendre le pouvoir total au détriment des autres.
REP2:

Guillaume tu as parfaitement raison sur ce point, d’ailleurs ce terme “valeur” était utilisé à dessein pour couvrir le champ actuel du travail 😉

💡 Gorz, à ce sujet, différencie la production de valeur (marchande) et de richesse (non économique) ⚙️
–> “Le terme « valoriser » signifie normalement « conférer une valeur monétaire », une valeur marchande” (Gorz, 2007, p. 104).
–> “L’extinction de la valeur et l’extinction du travail sont une seule et même chose” (Gorz, 2007, p. 102).

🌀💡 Il souhaitait développer le travail comme “oeuvre d’advenir” et pas comme “marchandise” (Clerc & Méda, 2009).

Guillaume, au sujet des “débats démocratiques”, de nombreux auteurs ont réfléchi à ce sujet, comme le soulignait Spinoza :
⚙️ La démocratie est sans doute la forme de l’État, “le plus naturel et celui qui est le moins éloigné de la liberté que la Nature reconnaît à chacun” (Spinoza, TTP, XVI).
💡 “maxime naturale videbatur et maxime ad libertatem”Ainsi, il explique que “nul ne transfère son droit naturel à autrui au point d’être exclu de toute délibération à l’avenir ; chacun au contraire le transfère à la majorité de la société tout entière dont il constitue une partie. Et de cette façon tous demeurent égaux, comme auparavant dans l’état de nature” (Spinoza, TTP, XVI).–> La réserve qu’il émet réside dans le fait que les hommes soient parvenus à suffisamment de “raison”, pour reconnaître en chacun le droit légitime de cultiver son “ingenium”, et conformément à son élan vital, le “conatus”.
David c’est très aimable à ces ‘auteurs’ de réfléchir à notre place, mais je pense, crois même, que mon “ingenium” a atteint un degré de développement qui commence à me permettre de ne pas être de leur avis.
Et donc dans ce “débat démocratique”, leur propos est-il plus crédible que le mien ou sommes-nous à être considérés comme égaux ?
Devrais-je transférer mon “droit naturel” à Spinoza ?
C’est ce que je comprends dans ton argument…
Mais il arrive qu’on se méprenne dans ce que disent les gens, et qu’on leur prête des pensées autres que celles qu’ils ont exprimé, ce qui est un des aspects qui rendent les ‘débats démocratiques’ assez compliqués…
REP3:
Guillaume, se tenir sur les épaules des géants n’est pas une honte, ni un aveu d’impuissance ou d’ignorance… c’est une démarche d’humilité et de recherche qui permet de ne pas reprendre le débat de manière décousue et d’apporter des briques de connaissance et de réflexion là où en est l’avancée du débat 😉
Comme la Convention Citoyenne pour le Climat, avec toutes les réserves et nuances que je pourrais apporter, permet de comprendre comment une assemblée représentative (pour un mandat qui est court, pourrait être révocable, etc.), qui prend du temps pour faire l’état des lieux des connaissances de manière systémique et transversale, comprend d’autant mieux un sujet et peut « préconiser » (dans ce cas).Aussi, je pense les débats démocratiques « complexes » mais pas « compliqués » car ils procèdent d’une mise en commun libératrice et créatrice qui demande un « temps de diffusion et d’infusion », « d’appropriation » et de « sublimation ».😉🔆
Refs :
  • Clerc, D., & Méda, D. (2009). “5. Emploi et travail chez André Gorz”: In Cahiers libres (pp. 99–122). La Découverte.
  • Méda, D. (2008). Au-delà du PIB: Pour une autre mesure de la richesse. Flammarion.
  • Gorz, A.(1978). Ecologie et politique. Éditions Galilée.
  • Gorz, A. (2004). Métamorphoses du travail, quête du sens. [1988] rééd. coll. « Folio ». Gallimard.
  • Gorz, A. (2007). Penser l’exode de la société du travail et de la marchandise. Mouvements, n° 50(2), 95–106.
  • Gorz, A. (2008). Ecologica. Editions Galilée.

Affect collectif et Parrhesia

#CollectiveAffect

☀️ Oui Spinoza ✴️ sur nos inclinations et désirs, nous invite à penser les affects…

“Quand nous nous efforçons à une chose, quand nous la voulons ou aspirons à elle, ou la désirons, ce n’est jamais parce que nous jugeons qu’elle est bonne ; mais au contraire, si nous jugeons qu’elle est bonne, c’est précisément parce que nous nous y efforçons, nous la voulons, ou aspirons à elle, ou la désirons” (Spinoza, Ethique III, 9, scolie).

Cette valeur imaginée individuellement dans telle ou telle chose devient bien vite un “affect commun”…
Matheron (1988) reprend à Spinoza, la “potentia multitudinis”, qui permet à la puissance affective de se former…

On retrouve cela dans tous les groupes… se traduisant par l’adhésion, l’intensité affective, qui enjointes à des pensées, se transforme en une opinion, ou une croyance fortement ancrée dans ce collectif…

Michel Foucault utilisait un terme dissonant ici, la “parrhesia”…

“Faire usage de sa liberté et choisir le parler franc au lieu du mensonge ou du silence, le risque de mourir au lieu de la vie et de la sécurité, la critique au lieu de l’adulation et le devoir moral au lieu de son propre avantage ou de l’apathie morale” (Foucault, 1983).

–> Foucault rappelle qu’étymologiquement le verbe “Parrhesiazesthai” signifie “Pour tout dire – de Pan” (tout) et “Rhema” (ce qui est dit). Aussi, le verbe “Parrhesiazomai” signifie “utiliser la parrhésie”.

–> Celui qui utilise la parrhésie, est le “parrhesiastes”, (parrhēsĭastes : ae, m., = παρρησιαστής, libertas en latin) est quelqu’un qui dit tout ce qu’il a en tête : il ne cache rien, et ouvre complètement son cœur et son esprit aux autres à travers son discours.

« La parrhèsia est une sorte d’activité verbale dans laquelle le locuteur a un rapport spécifique avec la vérité à travers la franchise, une certaine relation à sa propre vie à travers le danger, un certain type de relation avec lui-même et avec les autres à travers la critique (autocritique ou critique d’autres personnes), et un rapport spécifique avec la loi morale à travers la liberté et le devoir […] Dans la parrhèsia celui qui parle fait usage de sa liberté et choisit le parler franc au lieu du mensonge ou du silence, le risque de mourir au lieu de la vie et de la sécurité, la critique au lieu de l’adulation et le devoir moral au lieu de son propre avantage ou de l’apathie morale. »
Foucault explique qu’il existe deux types de parrhésia qu’il faut distinguer.
Premièrement, il y a un sens péjoratif, pas très loin du mot “bavarder”, et qui consiste à dire tout ou tout ce que l’on a en tête sans réserve. Ce sens péjoratif se retrouve chez Platon, par exemple, où chacun a le droit de s’adresser à ses concitoyens et de leur dire n’importe quoi – même les choses les plus stupides ou les plus dangereuses pour la ville.
Mais il s’avère la parrhésia n’a pas ce sens péjoratif dans les textes classiques, et est plutôt positive. Ce que Foucault ajoute dans ses cours, ce sont les conditions morales nécessaires de la parrhesia, en ce sens :

« Le jeu parrhésiastique présuppose que le parrhésiastes est quelqu’un qui possède les qualités morales requises, premièrement, pour connaître la vérité, et deuxièmement, pour la transmettre aux autres. »

« S’il y a une sorte de Preuve de la sincérité du parrhesiastes, c’est son courage. Le fait qu’un locuteur dise quelque chose de dangereux – différent de ce que la majorité croit – est une forte indication qu’il est un parrhésiastes. »

✴️ Cette parrhêsia n’est en rien de la rhétorique, car ELLE se soucie de “la vérité” et suppose quelque courage 😉☀️

#Group #Motivation #Parrhesia #Spinoza #Foucault

Colllective Affect
Colllective Affect – Parrhesia
References :
  • Foucault, M (1983). Discourse and Truth: the Problematization of Parrhesia. 6 lectures at University of California at Berkeley, CA, Oct-Nov. 1983.
  • Foucault, M. (2001). L’herméneutique du sujet. Cours au Collège de France (1981-1982). Paris : Gallimard/Le Seuil.
  • Foucault, M. (2009). Le courage de la vérité: Le gouvernement de soi et des autres II: Cours au Collège de France (1983-1984). Ed. Gros, Frédéric, A. Gallimard; Seuil: Paris.
  • Matheron, A. (1988). Individu et communauté chez Spinoza. Le sens commun. Paris. Minuit.
  • Spinoza, B. D., & Misrahi, R. (1993). Spinoza. Ethique. Introduction, traduction, notes et commentaires de Robert Misrahi. (Deuxième édition). Puf, Philosophie d’aujourd’hui.

 

Les Constructions Sociales et Culturelles de la Création de Sens

#MindAndCulture

Si la révolution cognitive a permis de très belles avancées scientifiques, elle semble être passée trop tôt d’une “construction du sens” au traitement de “l’information” (Bruner, 1990, p. 4).

Shinobu Kitayama (psychologue) rappelle que le processus de création de sens est fondamentalement social, interpersonnel et surtout culturel.

La “culture” est cet ensemble cohérent de représentations mentales (idées, croyances et valeurs) et de manifestations (pratiques comportementales, artefacts et institutions) partagées par un groupe et acquises par les nouvelles générations grâce à l’apprentissage social.

“Nos cerveaux humains sont des artefacts culturels (Mithen & Parsons, 2008; Taylor, 2006). Les cerveaux mettent en œuvre la culture, transmettent la culture et sont câblés par la culture.” (Gendron et al., 2020, p. 188).

Chacun naît parmi une tradition culturelle, où nous sommes socialisés et “formés” pour agir au mieux dans ce milieu socio-culturel, par l’apprentissage de scripts, conventions et rites.

Pendant ce processus, nos cerveaux sont “recâblés” et réorganisés pour agir correctement et efficacement dans ce milieu culturel (Kitayama & Salvador, 2017).

Notre esprit est préparé biologiquement… il se développe et se complémente socio-culturellement (Tomasello, 2014).

Ne serait-ce pas une magnifique opportunité pour comprendre la diversité qui enrichit nos cultures ?

#Culture #Emotions

Mind and Culture
Mind and Culture

REFERENCES :

  • Bruner, J. (1990). Acts of meaning. Harvard University Press.
  • Gendron, M., Mesquita, B., & Barrett, L. F. (2020). The Brain as a Cultural Artifact: Concepts, Actions, and Experiences within the Human Affective Niche. In L. J. Kirmayer, C. M. Worthman, S. Kitayama, R. Lemelson, & C. Cummings (Eds.), Culture, Mind, and Brain (1st ed., pp. 188–222). Cambridge University Press.
  • Kitayama, S., & Salvador, C. E. (2017). Culture embrained: Going beyond the nature-nurture dichotomy. Perspectives on Psychological Science, 12(5), 841–854. – Mithen, S., & Parsons, L. (2008). The Brain as a Cultural Artefact. Cambridge Archaeological Journal, 18(3), 415-422.
  • Taylor, T. (2006). The human brain is a cultural artefact. The Edge: What is your dangerous idea? Retrieved from https://www.edge.org/response-detail/11835
  • Taylor, T. (2011). The artificial ape: How technology changed the course of human evolution (1st ed.). Palgrave Macmillan.
  • Tomasello, M. (2014). The ultra-social animal. European journal of social psychology, 44(3), 187-194.
  • Uchida, Y., & Kitayama, S. (2009). Happiness and unhappiness in east and west: Themes and variations. Emotion, 9(4), 441–456.

🗝 Ne doutez jamais qu’un petit groupe d’individus conscients et engagés puisse changer le monde…!!

#Influence

🗝 “Ne doutez jamais qu’un petit groupe d’individus conscients et engagés puisse changer le monde. En fait c’est toujours ainsi que cela se produit”

⚙️ “Never doubt that a small group of thoughtful, committed citizens can change the world. Indeed, it’s the only thing that ever has.”
(attribué à Margaret Mead, Keys, 1982a, p. 79)

▶️ Suivons pour cela l’intuition de Margaret Mead…

⚙️ Granovetter (1978), selon la théorie de la masse critique, soutient que lorsqu’une minorité “engagée” atteint une taille de groupe “critique”, une structure sociale franchit un point de basculement, déclenchant des changements de comportement plus rapides par une acceptation.

▶️ Damon Centola, sociologue américain, tente lui aussi de comprendre “the tipping point” dans ses recherches. Il a montré expérimentalement qu’un nombre suffisant de personnes, à partir de 25% d’un groupe (weak entrenchment), pouvait réussir à emporter l’adhésion et provoquer ces changements (Centola et al., 2018).

✴️ Par ailleurs, Otto et ses collègues (2020), dans leur dernière étude, ont proposé de s’appuyer sur cette dynamique de transformation par bascule pour réduire l’impact carbone.

✅ La décarbonation nécessaire pour stabiliser le climat et l’environnement devrait se baser sur des processus contagieux et rapides afin d’insuffler les changements sociaux et technologiques indispensables.

✴️ Comment souhaiteriez-vous utiliser ce levier ?

#SocialSustainability #ChangeNow #TippingPoint

Tipping Point - Illustr. de Dymphie Huijssen
Tipping Point – Illustr. de Dymphie Huijssen
Illustr. de Dymphie Huijssen
????✴️ Comme l’expliquait Spinoza, ce sont les affects communs qui vont pouvoir conduire ce changement… dès lors qu’une nouvelle dynamique de convergence passionnelle peut conduire à la formation de nouveaux affects communs, par adhésion affective et activation du “conatus” (cf. concept de la “potentia multitudinis” de Matheron, 1969).
⚙️ La force de cette action collective, Spinoza la nomme “imperium” : “Ce droit que définit la puissance de la multitude, on l’appelle généralement imperium” (TP, II, 17).
–> Voir aussi :

Les cours donnés par Margaret Mead sont des sources d’inspiration et d’humanisme, basés sur ses travaux d’observation et d’études anthropologiques : Mead, M. (1964). Continuities in Cultural Evolution. New Haven: Yale University Press.)

Des sources d’inspiration et d’humanisme… Mead, M. (1964). Continuities in Cultural Evolution. New Haven: Yale University Press.

(p. 12) : “En tant que mesure de l’évolution culturelle, l’utilisation de la quantité d’énergie disponible pour tout groupe humain à une période donnée du développement culturel humain fournit un cadre macrocosmique pratique pour la discussion sur le politique.”

(p. 266-267) : “Au lieu de cela, nous pouvons prendre la position que l’unité de l’évolution culturelle n’est ni l’individu surdoué ni la société dans son ensemble, mais le petit groupe d’individus en interaction qui, avec les plus doués d’entre eux, peuvent passer à l’étape suivante; alors nous pouvons entreprendre la tâche de créer les conditions dans lesquelles les personnes douées de manière appropriée peuvent réellement apporter une contribution. C’est-à-dire, plutôt que d’isoler les «leaders» potentiels, nous pouvons délibérément produire les conditions que nous trouvons dans l’histoire, dans lesquelles des groupes sont formés d’un petit nombre d’hommes extraordinaires et ordinaires, tellement liés à leur période et les uns aux autres qu’ils peuvent consciemment se mettre à résoudre les problèmes qu’ils se proposent.”

(p. 284): “Pour le moment, cependant, il semble y avoir un plus grand risque que toute civilisation soit détruite que toute l’humanité sera détruite. Placer leur foi dans le cerveau merveilleusement complexe de l’homme, les biologistes sont encouragés par la probabilité que même après une guerre catastrophique, des représentants d’Homo sapiens survivraient dans des régions très reculées de la terre, loin des grandes explosions ou des centres de diffusion de la guerre biochimique, sur des îles, dans des jungles inaccessibles, dans des vallées profondes et isolées.”

(p. 12): “As a measure of cultural evolution, the use of the amount of energy available to any human group at a given period in human cultural development provides a convenient macrocosmic framework for the discussion of political.”

(p. 266-267): “Instead, we can take the position that the unit of cultural evolution is neither the single gifted individual nor the society as a whole but the small group of interacting individuals who, together with the most gifted among them, can take the next step; then we can set about the task of creating the conditions in which the appropriately gifted can actually make a contribution. That is, rather than isolating potential “leaders,” we can purposefully produce the conditions we find in history, in which clusters are formed of a small number of extraordinary and ordinary men, so related to their period and to one another that they can consciously set about solving the problems they propose for themselves.”

(p. 284): “For the present, however, there appears to be a greater risk that all civilization will be destroyed than that all mankind will be destroyed. Placing their faith in man’s marvelously intricate brain, biologists are cheered by the probability that even after a catastrophic war, representatives of Homo sapiens would survive in very remote parts of the earth, far from major explosions or centers of diffusion of biochemical warfare, on islands, in inaccessible jungles, in deep, secluded valleys.”

REFERENCES :
  • Centola, D. (2018). How behavior spreads: The science of complex contagions. Princeton University Press.
  • Centola, D. (2021). Change: How to Make Big Things Happen. Little, Brown Spark.
  • Centola, D., Becker, J., Brackbill, D., & Baronchelli, A. (2018). Experimental evidence for tipping points in social convention. Science, 360(6393), 1116–1119. – Gladwell, M. (2002). The Tipping Point: How Little Things Can Make a Big Difference (Reprint édition). Back Bay Books.
  • Gladwell, M. (2002). The Tipping Point: How Little Things Can Make a Big Difference (Reprint édition). Back Bay Books.
  • Keys, D. (1982a). Earth at Omega: Passage to Planetization. Branden Books. – Keys, D. (1982b). Rewiring the Human Being: A Feasibility Study. Journal of Humanistic Psychology, 22(4), 71–83.
  • Mead, M. (1964). Continuities in Cultural Evolution. New Haven: Yale University Press.
  • Otto, I. M., Donges, J. F., Cremades, R., Bhowmik, A., Hewitt, R. J., Lucht, W., Rockström, J., Allerberger, F., McCaffrey, M., Doe, S. S. P., Lenferna, A., Morán, N., Vuuren, D. P. van, & Schellnhuber, H. J. (2020). Social tipping dynamics for stabilizing Earth’s climate by 2050. Proceedings of the National Academy of Sciences, 117(5), 2354–2365.