Affect collectif et Parrhesia

#CollectiveAffect

☀ Oui Spinoza ✎ sur nos inclinations et dĂ©sirs, nous invite Ă  penser les affects…

“Quand nous nous efforçons Ă  une chose, quand nous la voulons ou aspirons Ă  elle, ou la dĂ©sirons, ce n’est jamais parce que nous jugeons qu’elle est bonne ; mais au contraire, si nous jugeons qu’elle est bonne, c’est prĂ©cisĂ©ment parce que nous nous y efforçons, nous la voulons, ou aspirons Ă  elle, ou la dĂ©sirons” (Spinoza, Ethique III, 9, scolie).

Cette valeur imaginĂ©e individuellement dans telle ou telle chose devient bien vite un “affect commun”…
Matheron (1988) reprend Ă  Spinoza, la “potentia multitudinis”, qui permet Ă  la puissance affective de se former…

On retrouve cela dans tous les groupes… se traduisant par l’adhĂ©sion, l’intensitĂ© affective, qui enjointes Ă  des pensĂ©es, se transforme en une opinion, ou une croyance fortement ancrĂ©e dans ce collectif…

Michel Foucault utilisait un terme dissonant ici, la “parrhesia”…

“Faire usage de sa libertĂ© et choisir le parler franc au lieu du mensonge ou du silence, le risque de mourir au lieu de la vie et de la sĂ©curitĂ©, la critique au lieu de l’adulation et le devoir moral au lieu de son propre avantage ou de l’apathie morale” (Foucault, 1983).

–> Foucault rappelle qu’Ă©tymologiquement le verbe “Parrhesiazesthai” signifie “Pour tout dire – de Pan” (tout) et “Rhema” (ce qui est dit). Aussi, le verbe “Parrhesiazomai” signifie “utiliser la parrhĂ©sie”.

–> Celui qui utilise la parrhĂ©sie, est le “parrhesiastes”, (parrhēsÄ­astes : ae, m., = παρρησÎčÎ±ÏƒÏ„ÎźÏ‚, libertas en latin) est quelqu’un qui dit tout ce qu’il a en tĂȘte : il ne cache rien, et ouvre complĂštement son cƓur et son esprit aux autres Ă  travers son discours.

« La parrhĂšsia est une sorte d’activitĂ© verbale dans laquelle le locuteur a un rapport spĂ©cifique avec la vĂ©ritĂ© Ă  travers la franchise, une certaine relation Ă  sa propre vie Ă  travers le danger, un certain type de relation avec lui-mĂȘme et avec les autres Ă  travers la critique (autocritique ou critique d’autres personnes), et un rapport spĂ©cifique avec la loi morale Ă  travers la libertĂ© et le devoir […] Dans la parrhĂšsia celui qui parle fait usage de sa libertĂ© et choisit le parler franc au lieu du mensonge ou du silence, le risque de mourir au lieu de la vie et de la sĂ©curitĂ©, la critique au lieu de l’adulation et le devoir moral au lieu de son propre avantage ou de l’apathie morale. »
Foucault explique qu’il existe deux types de parrhĂ©sia qu’il faut distinguer.
PremiĂšrement, il y a un sens pĂ©joratif, pas trĂšs loin du mot “bavarder”, et qui consiste Ă  dire tout ou tout ce que l’on a en tĂȘte sans rĂ©serve. Ce sens pĂ©joratif se retrouve chez Platon, par exemple, oĂč chacun a le droit de s’adresser Ă  ses concitoyens et de leur dire n’importe quoi – mĂȘme les choses les plus stupides ou les plus dangereuses pour la ville.
Mais il s’avĂšre la parrhĂ©sia n’a pas ce sens pĂ©joratif dans les textes classiques, et est plutĂŽt positive. Ce que Foucault ajoute dans ses cours, ce sont les conditions morales nĂ©cessaires de la parrhesia, en ce sens :

« Le jeu parrhĂ©siastique prĂ©suppose que le parrhĂ©siastes est quelqu’un qui possĂšde les qualitĂ©s morales requises, premiĂšrement, pour connaĂźtre la vĂ©ritĂ©, et deuxiĂšmement, pour la transmettre aux autres. »

« S’il y a une sorte de Preuve de la sincĂ©ritĂ© du parrhesiastes, c’est son courage. Le fait qu’un locuteur dise quelque chose de dangereux – diffĂ©rent de ce que la majoritĂ© croit – est une forte indication qu’il est un parrhĂ©siastes. »

✎ Cette parrhĂȘsia n’est en rien de la rhĂ©torique, car ELLE se soucie de “la vĂ©ritĂ©” et suppose quelque courage đŸ˜‰â˜€ïž

#Group #Motivation #Parrhesia #Spinoza #Foucault

Colllective Affect
Colllective Affect – Parrhesia
References :
  • Foucault, M (1983). Discourse and Truth: the Problematization of Parrhesia. 6 lectures at University of California at Berkeley, CA, Oct-Nov. 1983.
  • Foucault, M. (2001). L’hermĂ©neutique du sujet. Cours au CollĂšge de France (1981-1982). Paris : Gallimard/Le Seuil.
  • Foucault, M. (2009). Le courage de la vĂ©ritĂ©: Le gouvernement de soi et des autres II: Cours au CollĂšge de France (1983-1984). Ed. Gros, FrĂ©dĂ©ric, A. Gallimard; Seuil: Paris.
  • Matheron, A. (1988). Individu et communautĂ© chez Spinoza. Le sens commun. Paris. Minuit.
  • Spinoza, B. D., & Misrahi, R. (1993). Spinoza. Ethique. Introduction, traduction, notes et commentaires de Robert Misrahi. (DeuxiĂšme Ă©dition). Puf, Philosophie d’aujourd’hui.