Feedback positifs, engagement des nouveaux arrivants et fidĂ©lisation des collaborateurs…

Pourquoi les managers qui promeuvent un comportement proactif, en encourageant le recours au feedback, facilitent indirectement l’acceptation sociale et la loyautĂ© des nouveaux arrivants envers l’entreprise ?

La satisfaction au travail entraĂźne une diminution des dĂ©parts de nouveaux arrivants dans l’entreprise (le pouvoir du dynamisme, Chen et al., 2011). Aussi, le fait d’ĂȘtre engagé  dans son entreprise prĂ©dit une faible volontĂ© de dĂ©part, Ă  la fois au niveau de l’engagement interpersonnel (Meyer et al., 2002) qu’au niveau interpersonnel (Bentein et al., 2005).

Une Ă©tude rĂ©cente (Vandenberghe et al., 2019) apporte un Ă©clairage intĂ©ressant sur la diminution du comportement de “recherche de feedback” chez des nouveaux arrivants et sa consĂ©quence sur la diminution de l’engagement dans l’entreprise.

En effet, les recherches avaient gĂ©nĂ©ralement dĂ©crit le dĂ©clin du comportement de recherche de feedback comme une indication d’un ajustement efficace Ă  son travail, mais cette Ă©tude met en Ă©vidence un inconvĂ©nient dans ce processus : la rĂ©duction de la recherche de feed-back peut aussi affaiblir l’engagement organisationnel et nuire Ă  la fidĂ©lisation des collaborateurs.

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Voici la rĂ©fĂ©rence de l’article : Vandenberghe, C., Landry, G., Bentein, K., Anseel, F. J. C., Mignonac, K., & Roussel, P. (Accepted/In press). A dynamic model of the effects of feedback-seeking behavior and organizational commitment on newcomer turnover. Journal of Management.

https://kclpure.kcl.ac.uk/portal/en/publications/a-dynamic-model-of-the-effects-of-feedbackseeking-behavior-and-organizational-commitment-on-newcomer-turnover(cf57aa88-66ea-4ca0-aecf-19911d399a3a).html

COMMENTAIRES

David MUSSEAU Auteur

CĂ©line, Bernard que pensez-vous de ce comportement des nouveaux entrants dans l’entreprise qui recherchent un feedback auprĂšs des collĂšgues et surtout de leur manager, indispensable Ă  l’engagement et Ă  la satisfaction au travail non ?

David MUSSEAU Auteur

Bonjour pour étayer le propos un article récent dans Courrier Cadres et un sondage :

33 % des cadres ont démissionné suite à une mauvaise intégration

CĂ©line MUSIELAKPsychologue PsychothĂ©rapeute TCC – Dr en Psychologie Cognitive (Ph.D.) – Chercheuse AssociĂ©e

Bonjour David

La satisfaction au travail: mon thĂšme de mĂ©moire de Master ????! À mon petit niveau, dans le type de thĂ©rapie que je pratique ( les TCC) si j’omets les feedbacks rĂ©guliers, je prends le risque de dĂ©sengager mes patients, ils ne percevront plus le sens du travail que l’on fait donc le feedback est fondamental!

Au sein de l’entreprise et en me basant sur ma population clinique ( salariĂ©s/manageurs), j’entends bien souvent mes patients dĂ©plorer que les feedbacks restent cantonnĂ©s Ă  l’entretien annuel d’évaluation. Je trouve cela dommage car cela nĂ©glige en effet un vecteur indispensable Ă  la progression et Ă  l’engagement quand il est suivi. Toutefois cela suppose que cela soit bien fait: tenir des propos factuels, constructifs quand ils sont livrĂ©s et veiller Ă  ne pas activer des rĂ©flexes de dĂ©fense quand on les reçoit; savoir en faire des positifs valorise et savoir les recevoir renforce les bonnes volontĂ©s Ă  en faire….N’oublions pas que ces retours mettent en jeu des facteurs Ă©motionnels et psychologiques. C’est en cela que çà demeure un exercice dĂ©licat mais cela s’apprend! Donc pour rĂ©pondre Ă  ta question pour moi oui cela renforce la satisfaction au travail en donnant du sens ( le why de Sinek et de son cercle d’or…) et il y a tirer avantage pour les arrivants comme pour les autres Ă  diffuser la culture du feedback bien fait!

David MUSSEAU Auteur

Merci CĂ©line, ton commentaire est trĂšs Ă©clairant ! Je suis absolument en accord avec tes propos, l’accueil, le suivi et donc l’intĂ©gration des nouveaux arrivants est indispensable. L’intĂ©rĂȘt de l’Ă©tude de Vandenberghe (2019) porte sur le fait que de ne plus ĂȘtre Ă  un certain moment en recherche de feedback de la part des ses arrivants ne veut pas dire qu’ils sont dĂ©sormais Ă  l’aise et autonome. Au contraire, l’Ă©tude montre que cette baisse de recherche de feedback est corrĂ©lĂ©e Ă  une augmentation notable du dĂ©sengagement. J’approuve aussi ton appel Ă  une culture du feedback appropriĂ© : factuel, mesurĂ© et orientĂ© vers la recherche de solutions !! Bonne journĂ©e. La vie est belle !

CĂ©line MUSIELAK

David en phase! Cette Ă©tude est une alerte trĂšs pertinente.

Carpe diem! ????

Le harcĂšlement vertical ascendant…

Suite au post sur LinkedIn de CĂ©line MUSIELAK – Psychologue PsychothĂ©rapeute TCC – Dr en Psychologie Cognitive (Ph.D.) – Chercheuse AssociĂ©e 

Le harcĂšlement vertical ascendant... on en entend moins parler mais il existe. L’éclairage de l’observatoire Stimulus de la santĂ© psychologique au travail mĂ©rite lecture…

https://theconversation.com/lincompetence-professionnelle-et-sociale-premiere-cause-dune-mauvaise-ambiance-de-travail-114772

DAVID MUSSEAU

Bonjour CĂ©line et merci pour ce partage. En effet, des abus de la part de certains employĂ©s envers leurs supĂ©rieurs est malheureusement un problĂšme Ă  prendre en compte dans les entreprises mĂȘme s’ils sont toutefois plus marginaux que dans le sens inverse. 

Aussi pour abonder dans ce sens, Colbert et al. (2004) ont constatĂ© que le comportement dĂ©viant envers l’entreprise, sur le lieu de travail, Ă©tait plus fort chez les employĂ©s peu consciencieux ou avec une stabilitĂ© Ă©motionnelle faible et que la relation entre le soutien organisationnel perçu et le comportement anormal sur le lieu de travail interpersonnel Ă©tait plus forte chez les employĂ©s faiblement agrĂ©ables.

Dans leur Ă©tude Tuzun et al. (2017) confirment les rĂ©sultats de Colbert et al. (2004), ainsi comparativement aux individus bas en efficacitĂ© personnelle, ceux qui Ă©taient trĂšs auto-efficaces Ă©taient moins susceptibles d’adopter un comportement dĂ©viant, mĂȘme lorsqu’ils avaient des perceptions nĂ©gatives de la situation. 

Aussi, je pense Ă  un autre article de Graham et al. (2018) qui analyse les traits de dominance des superviseurs et employĂ©s. Ils ont montrĂ© que mĂȘme des managers avec un faible niveau de dominance pouvaient se livrer Ă  des comportements abusifs, et plus particuliĂšrement avec les employĂ©s avec des traits de dominance Ă©levĂ©. Leurs rĂ©sultats suggĂšrent que les employĂ©s avec des traits de haute dominance sont susceptibles de gĂ©nĂ©rer  des abus Ă  la suite d’un conflit de relations que ce soit avec des managers Ă  faible ou Ă  haute dominance.

Aussi des travaux rĂ©cents ont suggĂ©rĂ© que mĂȘme les superviseurs qui ne sont pas nĂ©cessairement enclins Ă  ĂȘtre abusifs pourraient s’en prendre impulsivement aux suiveurs provocants et frustrants (par exemple, Liang et al., 2016; Mawritz et al., 2017).

CELINE MUSIELAK

Bonjour David et un grand merci pour ces rĂ©fĂ©rences! TrĂšs trĂšs intĂ©ressante cette Ă©tude de Tuzul et al. (2017). Je suis en train d’analyser mes donnĂ©es d’une recherche dont le cadre thĂ©orique est le modĂšle intĂ©gratif et multifactoriel de Bruchon-Schweitzer en psychologie de la santĂ©. Je suppose que tu connais… et je constate que les conclusions de Tuzul et al. s’intĂšgrent parfaitement dedans. Le sentiment d’auto-efficacitĂ© associĂ© au soutien social perçu agit logiquement comme modĂ©rateur et permet des stratĂ©gies de coping plus fonctionnelles pour faire face Ă  une situation stressante! Un grand merci Ă  toi d’étayer ma revue de littĂ©rature ????

DAVID MUSSEAU

Bonjour CĂ©line, ravi d’avoir pu aider. Je ne connais pas particuliĂšrement le modĂšle de Bruchon-Schweitzer mais plutĂŽt le Transactional Model of Stress and Coping (Lazarus and Folkman, 1984, problem-focused and emotion-focused). Dans un environnement de recherche plus axĂ© sur les relations de travail (Organizational Behavior), j’apprĂ©cie les travaux de Neal M. Ashkanasy. Aussi, un ouvrage trĂšs complet sur le coping est celui-ci : Perrewe, P. L., & Ganster, D. C. (2010). New developments in theoretical and conceptual approaches to job stress. Bingley: Emerald.

Bonne journée. La vie est belle !

Références :

Colbert, A. E., Mount, M. K., Harter, J. K., Witt, L. A., & Barrick, M. R. (2004). Interactive Effects of Personality and Perceptions of the Work Situation on Workplace Deviance. Journal of Applied Psychology, 89(4), 599–609.

Graham, K. A., Mawritz, M. B., Dust, S. B., Greenbaum, R. L., & Ziegert, J. C. (2018). Too many cooks in the kitchen: The effects of dominance incompatibility on relationship conflict and subsequent abusive supervision. The Leadership Quarterly.

Liang, L. H., Lian, H., Brown, D. J., Ferris, D., Hanig, S., & Keeping, L. M. (2016). Why are abusive supervisors abusive? A dual-system of self-control model. Academy of Management Journal, 59, 1385–1406.

Mawritz, M. B., Greenbaum, R. L., Butts, M. M., & Graham, K. A. (2017). I just can’t control myself: A self-regulation perspective on the abuse of deviant employees. Academy of Management Journal, 60, 1482–1503.

Tuzun, I. K., Çetin, F., & Basım, H. N. (2017). Deviant employee behavior in the eyes of colleagues: the role of organizational support and self-efficacy. Eurasian Business Review, 7(3), 389–405.